dimanche 13 novembre 2011

Faire des enfants

Présenté jusqu’au 13 novembre 2011 au Théâtre du Quat’sous, la pièce Faire des enfants de Éric Noël est une pièce extrêmement réussie et juste. La pièce raconte l’histoire de Philippe, 24 ans et homosexuel, qui se prostitue, se drogue et qui vie caché derrière une coquille infranchissable qui ne veut aimer personne et qui ne veut pas se faire aimer non plus, des conséquences de sa vie pour ses proches et du vide qu’il laisse après sa mort.

La pièce est incroyablement vraie. Pas de mélodrame. Pas de violon. Pas de pathos. Pas de tragédie grecque. Elle est contemporaine, actuelle. Et bien écrite. Les personnages sont justes et ne sont pas de bêtes caricatures clichées. Et le jeu des acteurs (surtout celle de la sœur) sont incroyables. Dans la mise en scène, il n’y a rien, qu’une scène vide et nue, sauf pour quelques accessoires et un gros trou au milieu à partir de la seconde partie. Et ils arrivent à nous faire croire qu’il y a vraiment un environnement. Si les acteurs avaient été moyens ou simplement mauvais, la pièce aurait été un navet, mais, heureusement, les acteurs étaient très doués, tout semblait vrai.

J’ai trouvé intéressant que la scène soit vide; elle peut représenter le vide que les personnages ressentent. Le seul «décor» qu’il y a est les rideaux blancs sur les côtés de la scène, mais ceux-ci tombent lors de l’annonce de la mort de Philippe. Lorsqu’ils tombent, ils rajoutent encore plus à la surprise de l’annonce. On ne s’attend pas à ce que quelqu’un proche de nous meurent subitement; on ne s’attend pas non plus lorsqu’on va au théâtre de voir tomber de décor d’un coup. La chute des rideaux laisse la scène encore plus vide et nue (déjà qu’il n’y avait pas grand-chose dessus).

Un autre point que j’ai adoré dans la mise en scène est le trou laissé dans le plancher de la scène. Avant de mourir, le personnage de Philippe enlève des planches du plancher et saute dans le trou… et le trou reste là, au milieu, avec les planches empilées à côté, montrant que sa mort laisse un trou dans la vie de sa famille et de ses proches.

Entre les scènes, il y a des effets sonores, très étranges et psychédéliques, montrant la chute psychologique de Philippe, et montrant que rien ne s’arrange pour lui. Enfin, pour les éclairages, il y avait plusieurs effets intéressants. Dans la dernière scène, où Philippe (mort) rencontre sa mère (qui vient de se suicider), il y a de l’éclairage qui sort du plancher de la scène. C’était très esthétique. Aussi, lorsque les rideaux tombent, on voit tous les spots de lumière, les trépieds, les supports et les fils. J’ai vraiment aimé, car ça montrait le vide dans la vie des personnages. À l’opposé, s’il y avait eu un zoli ptit décor en carton pour faire zoli, non, ça n’aurait pas fonctionné, la pièce ne tentait pas d’être jolie, elle tentait d’être vraie.

Enfin, chapeau à l’acteur qui interprétait Philippe. Il faut être bien courageux pour jouer tout nu sur scène.

Triennale Québécoise 2011

Le 9 novembre dernier, au Musée d’Art Contemporain de Montréal, était présentée la Triennale Québécoise 2011, exposant diverses œuvres ayant pour thème le travail qui nous attend.

Une œuvre qui a retenu mon attention est Le Vol du sanctuaire B de l’artiste Mathieu Latulippe, réalisé en 2011 avec des matériaux mixtes. Cette œuvre est une maquette en deux parties. La première est une île déserte avec une entrée d’un sanctuaire d’un côté, et à l’autre extrémité de l’île, il y a une boutique de fleuriste avec une toilette chimique. La seconde partie montre la toilette chimique, mais avec un tunnel qui plonge dans la terre, aboutissant dans une mine avec des galeries et des camions pour creuser jusqu’à la salle au trésor du sanctuaire.

J’ai trouvé la seconde partie bien comique et m’a bien faite rire, mais en même temps, elle questionne. Dans l’œuvre, une personne (ou un groupe) prend des mesures extraordinaires et démesurées pour voler un trésor; ce n’est pas seulement un trou et un petit passage qu’il y a de creusé, mais une véritable mine et des galeries, avec de la machinerie lourde pour creuser. L’œuvre fait part d’un peu de folie, car les outils et les camions utilisés pour voler le trésor valent probablement plus que le trésor. Aussi, si tous les efforts mis pour effectuer le vol avaient été utilisés ailleurs, comme dans un travail honnête par exemple, ils auraient rapportés beaucoup plus que le petit trésor du sanctuaire. Enfin, au lieu de creuser un passage secret depuis une bécosse et creuser une mine, pourquoi ne pas simplement passer par la porte du sanctuaire et aller directement dans la salle du trésor?

Bref, j’ai vraiment aimé cette œuvre, car elle est dans un premier temps très comique, et, dans un second temps, elle porte à la réflexion, car elle montre la folie de l’homme, sa démesure et qu’il se complique toujours les choses.